Voyons, si je revends mon chrono Oris BC3, que je mets au bout mes économies, et que je demande à mes proches de m'aider un peu pour mon anniversaire… Eh non, ça le fait pas, il faudra attendre encore un peu !

Je poursuivais le rêve, depuis quelque temps, de m'offrir Le modèle vintage 70 de Girard Perregaux :


Image Time collector
Je ne l'avais vu qu'en photo, et très fugitivement dans la vitrine de "Les montres" à St Germain. Je décidais tout de même d'en avoir le cœur net, et de vérifier si cette montre était faite pour moi. Après tout, je n'étais pas loin du but, financièrement, et en comptant sur BEAUCOUP de généreux donateurs je pouvais y arriver.

Je partis donc à la chasse au GP 70 (cela s'apparente à la chasse au Dahut), mais après l'avoir trouvé chez Royal Quartz : DÉCEPTION, la montre est trop petite, trop légère aussi. Et ce cadran, que je trouvais si classe en photo, me paraît tout vide dans la réalité.

Me voila à la case départ : une grosse envie de montre, et rien pour l'assouvir. Je repars donc vers mes premières amours, cherchant dans la (très) longue liste imaginaire de mes CHI inassouvies.
Pour ce faire, détour par le Bon Marché, ou je peux voir
:
1. La Bell & Ross space 1
1. La Bell & Ross space 3

2. La Zenith Class El primero HW.
Je regarde, je fouine, j'alpague le vendeur, je lui demande à essayer les trois modèles. La Bell&Ross Space 3, trop brillante, la Zenith, pas le coup de foudre, la Space 1… Ah oui, celle-là, c'est pour moi. Il me propose, direct 25% de remise, mais même à ce prix c'est 40% plus cher que l'original de Sinn.

Voilà, 2 mails plus tard, je n'avais plus qu'à attendre que la montre débarque d'Allemagne.
Pour la petite histoire, j'ai d'abord commandé la version acier, puis apprenant qu'il faudrait attendre 3 semaines, j'ai commandé la version Titane. J'ai fini par recevoir les 2… mais aussi 2 factures ! Enfin, cela m'aura permis pendant quelques jours de comparer les deux versions.

Le voilà. C'est une grosse bête, 44 mm de diamètre sans les couronnes, étanche à 100m. Elle est en titane (d'ou le TI placé après le n°). L'impression générale est celle d'une montre très technique, grosse mais pas monstrueuse, et, en fait, plutôt classe (c'est l'avis de ma femme, et je le partage volontiers).


Rheinard Furrer avec la 142 ST S

Klaus-Dietrich Flade
Un peu d'histoire. Cette montre fut la première montre automatique à sortir dans l'espace (La Speedmaster pro est un modèle à remontage manuel). Elle fut portée, respectivement, par l'astronaute Rheinard Furrer (1940-1995) lors de sa mission sur Challenger 9 en 1985, et par Klaus-Dietrich Flade lors de sa mission sur MIR en 1992.

Le Boîtier

Il est de forme coussin, mat, gris foncé. Les bords partent en biseau ce qui allège l'impression générale. Le travail sur le titane est propre et sans bavures, sans fioritures non plus. La montre est très légère (74 g contre 102 g pour la version acier) et se fait totalement oublier au poignet. Il a un design un peu 70's que j'aime bien, ça rend la montre sympathique.

La glace est en verre saphir inrayable traitée anti-reflet sur la face interne. Elle est plate, et légèrement biseautée sur les bords.


De profil, on voit bien les biseaux du boîtier et du verre.

 

Le titane est pour beaucoup dans l'élégance de la montre, c'est un métal mat et plus foncé que l'acier. Le passage du cadran, noir, au boîtier en titane est doux, grâce à un contraste peu prononcé.

Si l'on compare le titane pur à d'autres métaux, des différences assez marquantes de propriétés physiques apparaissent :

Titane
Fer
Aluminium
Densité
4,5
7,8
2,7
Température de fusion
1670 °C
1535 °C
658 °C
Module d'élasticité
110 000 MPa
204 000 MPa
71 000 MPa
Conductivité thermique
21,6 W/mK
71 W/mK
242 W/mK
Diffusivité thermique
7,7E-3 m2/s
21,8E-3 m2/s
102E-3 m2/s
Coefficient de dilatation thermique de 0 à 100 °C
8,5*10-6 K-1
12,3*10-6 K-1
23,7*10-6 K-1

 

 

 

 


Pour résumer et en langage clair :
- C'est un métal qui a une très faible densité, donc très léger.
- Il a une faible conduction thermique, tiède en hiver, tiède en été. Petite expérience amusante : vous prenez un QP Vacheron Constantin en or jaune, une Daytona acier et le chrono Sinn 142 en titane, vous les jetez dans le feu : Le premier à fondre c'est le QP, le second c'est la Daytona, et vous récupérez, in extrémiste, la Sinn. Elle va bien. Amusant, non ?
- Il est très solide

- Il est inaltérable et résiste très bien à la corrosion et à l'eau de mer.
- Il est antimagnétique. Plus besoin de cage en fer doux autour du mouvement.
Bref, c'est la montre idéale pour faire des châteaux de sables sur une plage de Grèce par +53 degrés Celsius, à côté d'enceintes 2000 watts hurlant le dernier tube de Britney Spears, pendant que votre fils vous tape sur le poignet avec un galet !


Le cadran est typique d'une montre fonctionnant avec un mouvement Lemania 5100. Y'a plein d'aiguilles partout, c'est rigolo.

C'est le chronographe d'apparence le plus compliqué que je possède, et pourtant le plus facile à lire.
Il est noir, mat, tirant vers le gris anthracite, ce qui est très harmonieux avec la couleur du titane.
Le système de lecture se décompose en deux parties :
- Tout ce qui est rouge concerne la partie chrono. C'est un rouge fluo, donc tirant vers le orange, et très vif. La lisibilité est excellente.
- Tout ce qui est blanc concerne la partie heure.

Chaque aiguille à sa particularité.

Pour le chrono :
- L'aiguille rouge centrale avec le petit avion marque les minutes
- L'aiguille rouge centrale sans avion marque les secondes
- La petite aiguille rouge du compteur à 6h marque les heures.

Pour l'heure :
- La grande aiguille, fine et finissant en pointe, marque les minutes
- La petite aiguille marque les heures
- L'aiguille dans le guichet à 9h marque les secondes
- L'aiguille dans le guichet à 12h marque le temps sur 24h : dans l'espace, personne ne sait si c'est le jour où la nuit
!

Cela fait donc 8 aiguilles, et pourtant, impossible de se tromper.


Photo Wartimers

 

L'heure est marquée par des index en Tritium, avec en dessous les minutes. La typographie utilisée pour tous les marquages est "extended", de type baton, très lisible. On sens bien ici que c'est la fonctionnalité qui a dicté tous les partis pris graphiques.
Les échelles sont parfaitement claires. Toutes les aiguilles arrivent jusqu'au marquage les concernant.

Les aiguilles sont "traînantes", c'est-à-dire qu'il n'y a jamais de saut d'une minute vers l'autre. C'est assez déroutant pour un chrono. On voit l'aiguille des minutes du chrono passer lentement (mais inexorablement) d'une indication à l'autre.


On voit bien l'aiguille en forme d'avion.
Comme le chrono a passé la minute, l'aiguille "avion" est placée légèrement après l'index de 1 minute.

L'ensemble est très réussi, sans fioritures, que de l'utile et du pratique, mais ça donne un vrai look et une vraie personnalité à la montre.

La date et le jour sont placés dans deux guichets à 3h. Ces guichets sont encadrés d'un filet blanc. C'est pas très joli, mais ça rééquilibre l'ensemble. Les jours sont marqués en abrégés et en Allemand… Euh, c'est quel jour déjà SAM ?

La lunette intérieure s'intègre parfaitement au reste. Elle plonge vers l'intérieur du cadran, ce qui lui donne du relief, et permet de ne pas confondre les indications de la lunette avec les autres. Le "0" est marqué par une petite flèche en peinture luminescente très sobre.
Une critique toutefois, cette lunette est très difficile à tourner. On s'arrache les ongles à essayer. Pas pratique du tout.


Voilà la couronne qui actionne la lunette.
Non contente d'être dure, elle est difficilement accessible.

La couronne et les poussoirs. Ces derniers, encastrés dans une bague épaisse, ont un côté "patauds", mais donne la sensation d'une résistance à toute épreuve. Ils sont aussi en titane.
La couronne est crantée, pour une meilleure prise en main, elle s'encastre en partie dans le boîtier, mais reste facilement accessible. Elle est frappée du "S" de Sinn. C'est une couronne vissée, pour une meilleure résistance à l'eau. On tire une fois pour remonter le mécanisme, deux fois pour changer la date (on tourne dans le sens des aiguilles) et le jour (on tourne dans le sens inverse) et trois fois pour changer l'heure. C'est fastoche ! La couronne est assez difficile à revisser, il faut appuyer fort dessus avant de tourner.



On peut voir que sous les bagues, les poussoirs sont cannelés

Le fond est en titane vissé. Au centre, il y a la navette Challenger, pour rappeler la fonction historique de la montre. Les inscriptions sont gravées peu profondément, donc difficiles à lire. Il y a écrit que la montre est en titane, qu'elle est étanche à 100 mètres, qu'elle est antimagnetic, que la glace est en saphir, plus le logo et le n° de série. Tout ça est hyper discret.

Le bracelet est, lui aussi en titane. Les maillons s'évasent vers l'entrecorne, partant de 18 mm pour arriver, sur le dernier maillon, à 26 mm. L'entrecorne, elle, est de 22 mm. Chaque maillon fait 10mm de profondeur, le réglage ce fait donc par pas de 1 cm. Il faut jouer sur l'attache de la boucle déployante pour obtenir un réglage précis.
La forme des maillons va bien avec le reste, toujours ce petit goût seventies.

La boucle déployante est toute simple, avec un étrier de sécurité qui permet d'éviter au bracelet de s'ouvrir par accident. Elle offre la possibilité de régler la longueur du bracelet de façon fine (3 crans, espacés chacun de 2mm). La boucle est frappée du logo Sinn, qui paraît excentré du fait du dessin particulier du "S". Pour l'équilibre visuel, ce logo aurait mérité d'être déplacé de 1 ou 2 mm vers la droite.

Le mouvement.

Lemania 5100, 17 rubis, automatique.
C'est un mouvement super robuste (le genre que l'on met dans des montres qui partent dans l'espace).
Il tourne à 28800 A/h.


Le "touché" est très particulier. Lorsque l'on appuie sur le poussoir d'arrêt du chrono on sent distinctement 2 crans. Ça fait "clac clac", c'est assez agréable.

De même, lorsque l'on remet le chrono à zéro, après plusieurs minutes, les aiguilles ne se remettent pas totalement à zéro. Il faut appuyer plus fort pour ce faire. C'est comme si le chrono fonctionnait en deux temps.

Le rotor a un joli son, très doux, et la montre est très régulière (+ 7 secondes sur 10 jours).

Ce mouvement a pas mal été utilisé, entre autres pour des montres militaires. Deux exemples :


Tutima "Military air force chronograph", la montre qui équipe l'armée de l'air Allemande

Oméga seamaster

Pour finir, la boîte. Classique, en skaï noir, pas vilaine. L'intérieur est en carton (pirouette, cacahouète) pas très bien fini, mais c'est du solide, comme le reste.
La notice, évidemment, est en allemand sur une feuille genre polycopié, bof, bof.

Voilà, c'est la montre parfaite pour :
Se rouler dans la boue
Partir dans l'espace
Jouer à James Bond.
Faire une revue !

Site officiel Sinn

Photos : Jojopointcom©, Tutima, Chronometrie